Mon fils, mon style ou presque : récit d’un défi vestimentaire inattendu

Tout a commencé un dimanche matin, celui où le café a un goût de lenteur et où personne ne se presse pour s’habiller. Mon fils — 14 ans, une énergie à revendre et une passion soudaine pour les looks “stylés mais chill” — m’a lancé un défi sans prévenir, en plein petit déjeuner :Papa, et si on échangeait nos habits pour une journée ? Un vrai challenge look père-fils.

Je l’ai regardé. Lui, en pantalon cargo large, hoodie oversize et casquette en biais. Moi, en polo ajusté, pantalon chino beige et sneakers blanches soigneusement alignées au pied de la table.
On aurait dit deux planètes qui s’alignent pour la première fois depuis des siècles.
Mais pourquoi pas ? Après tout, je suis un père moderne (en théorie), ouvert aux expériences (sauf TikTok), et amateur d’autodérision (en privé).

Alors on l’a fait. Et bien sûr, il a fallu immortaliser tout ça : photos dans le jardin, mini défilé dans le salon, un passage remarqué à la boulangerie du coin — où madame Moret, 83 ans, m’a demandé si je venais de “découvrir le skate”. Mon fils, hilare, a tout filmé.

Mais ce qui nous a surtout frappés ce jour-là, c’est qu’on avait tous les deux une pièce commune dans nos tenues, sans même s’être concertés : le polo Lacoste. Le sien, large et coloré, porté ouvert sur un t-shirt blanc. Le mien, sobre, marine, impeccable. Deux générations, une même bête brodée sur la poitrine. Coïncidence ? Je ne crois pas.

Mon fils, mon style… ou presque : récit d’un défi vestimentaire inattendu

Car ce crocodile-là, il fait plus que mordre le col : il relie. J’avais acheté mon premier modèle à l’université, à l’époque où je voulais paraître plus adulte qu’un paquet de copies double. Et aujourd’hui, voilà que mon fils en fait son emblème de “coolitude”, en le mixant à sa sauce. Ce n’est pas qu’un vêtement, c’est une espèce de passerelle silencieuse entre nous.

Et depuis ce fameux dimanche, on en rit encore. Lui se moque de mon look trop “propre”, moi je me demande comment il arrive à garder son pantalon aussi bas sans le perdre. Mais il y a une complicité nouvelle dans nos blagues, et une manière de se regarder un peu différemment. Ce défi un peu fou nous a rapprochés plus qu’on ne l’aurait cru. Qui aurait dit qu’un échange de fringues pouvait faire ça ?

Quelques jours plus tard, on s’est retrouvés à faire un tour en ville. Cette fois, chacun dans ses vrais vêtements, mais avec une mission : trouver une nouvelle pièce qui nous plaise à tous les deux. Et c’est dans une boutique lacoste geneve que notre choix s’est porté. Un sweat gris clair, logo discret, coupe parfaite. Il l’a adopté. Je lui ai emprunté deux fois depuis. (Et oui, je l’ai remis en place, soigneusement plié, pas de panique.)

Depuis, c’est devenu un jeu. On partage, on échange, on se pique des pièces. Il a même commencé à fouiller le site lacoste suisse à la recherche de ses “trouvailles”, et moi je découvre que le mot “oversize” ne signifie pas forcément “sac de couchage”.

Ce que je retiens de cette aventure, ce n’est pas seulement qu’un ado peut supporter de porter un polo sans râler. C’est que la mode — quand elle est bien faite, bien pensée, libre — devient un terrain de jeu commun. Un langage qui ne passe ni par des phrases ni par des likes, mais par des clins d’œil en miroir.

Alors non, on n’a pas tout à fait le même style. Mais on a trouvé une pièce d’accord. Et ça, c’est presque plus fort qu’un high five en pleine rue.

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